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Spike Milligan est né à Ahmednagar, aux Indes, en 1919, à la minute précise où une balle turque, en Mésopotamie, trouait le postérieur de son père, le sergent major Milligan, du comté de Sligo (Irlande) : les psychiatres, dit-il, en tireront de fructueuses conclusions.A l'âge de vingt et un ans, il maîtrise l'alphabet, joue de la trompette et plaît aux dames. En 1940 comme il le raconte lui-même, « je fus invité à prendre part à la Seconde Guerre mondiale, avec une option sur la Troisième ». Musicien professionnel, scénariste, puis comédien, il joue avec un insuccès notoire une morne pièce tirée du fameux roman russe Oblomov. Il décide d'improviser entiérement son rôle en calembours, coq-à-l'âne et effets de slapstick. |
Par exemple, il déclare à
son valet de chambre : « Bien que je n'en parle pas un traître
mot, je vais prendre un bain turc. » La pièce, réintitulée le
Fils d'Oblomov, devient un triomphe de fou rire. Puis il écrit
avec John Antrobus une pièce intitulée The bed-sitting room (Le
salon d'attente), dans laquelle le Premier ministre d'un pays
récemment atomisé se trouve, par une étrange mutation,
transformé en salon d'attente, et converse avec les visiteurs.
Mais avant tout, Spike Milligan, pour les Anglais, c'est l'inventeur, le scénariste
et le créateur (avec Peter Sellers et Harry Secombe) de la revue
Goon qui, dès 1952, ravagea les ondes de la BBC, puis passa à
la télévision sous des titres divers :la Semaine de l'idiot, Un
show appelé Fred, le Fils de Fred, etc. A l'héritage des
frères Marx s'additionnent ceux de Carroll, Lear, Leacock et James Joyce. Dans cet univers peuplé de
personnages farfelus et incontrôlables, qui se démultiplient et
se
combattent sans
cesse, les Goons voguent en plein océan à bord du piano sur
lequel Napoléon jouait à Waterloo, emmènent en vacances sur la
Côte d'Azur une vieille prison anglaise avec ses 3 000 détenus,
fument en lieu de cigarettes des gorilles et des portraits de la
reine Victoria, combattent le grand pudding de Noël international qui
revenu à l'état sauvage pousse de terribles rugissements,
enfourchent un mur et le font démarrer comme une moto,
échangent des photographies de billets de banque ou le bruit
enregistré de plusieurs millions de livres sterling versées en
pièces d'un penny, etc.
Extrait
du dialogue : - Avant de commencer cette émission, séparons les sexes fornicateurs. - Combien des sexes y a-t-il ? - Deux. - Cela ne suffira pas ! Commandez-m'en deux ou trois autres ! Tous les personnages : le sarcastique Ned Seagoon, le Major Bloodnok des 43e Déserteurs, Henry Crun et sa femme Minie, les traîtres Gridpyppe Thynne et le comte Moriarty, l'idiot Eccles et l'infinitésimal Bluebottle, en tout vingt personnages, sont incarnés par les trois voix - de Milligan, Sellers, Secombe et les effets sonores intraduisibles rendent pratiquement impossible d'inclure ici un épisode de certe série géniale qui convulsa toute l'Angleterre. |
Ainsi choisirons-nous de
représenter Milligan par quelques-uns de ses nombreux livres
publiés. Encore ne peut-on en livrer que le contenu : dans leur
apparence extérieure, ces livres se présentent sous forme de
graffiti incohérents ; sur le dos de la couverture, à la place
du titre, on peur lire par exemple : N'ouvrez pas de ce
côté-ci, ou Il y a de la place à l'intérieur, ou encore Pour
lire, prendre et ouvrir. Une photo de Milligan est intitulée :
Aidez cet homme à devenir capitaliste !
Quelques-uns de ses titres : Un livre de Milliganimaux, Un livre
de riens ou un rien de livre, le Petit Mélo, Une poubelle de
Milligan, Vers stupides pour les enfants, Puckoon, les Transports de délice de
Milligan, 1'Arche de Milligan, le Milligan du Bord de Lit, Petits
Songes d'un scorpion, Adolf Hitler et mon rôle dans sa chute, etc.
Au cinéma, il est l'auteur de deux films réalisés par Richard
Lester - le Film à sauter, courir, et se tenir debout, puis
l'Ultime garçonnière, tiré de The bed-sitting room.
BIBLIO |