Le jeu du pharaon

 

Le pharaon oppose la banque (le tailleur) aux joueurs (les pontes). Ceux-ci choisissent dans un jeu une carte qu'ils déposent devant eux et recouvrent de leur mise (ou sur laquelle ils inscrivent un chiffre à la craie). Le banquier se met alors à tailler les cartes de son jeu, une par une, tantôt à gauche, tantôt à droite. Si une carte de même valeur que l'une des pontes est taillée à gauche, la banque est perdante, le ponte l'emporte. Par contre, si cette carte tombe à droite, c'est la banque qui gagne.
Variations infinies, ambivalence des signes, éternel retour de figures familières, favorables ou funestes, le système du pharaon, ensorcelant et terrible mystère, qui est également celui du récit, précipite Hermann vers la folie, lorsqu'il pressent que son existence elle-même en est peut-être captive. Pauvre existence d'ailleurs, si ténue, si fragile. Tout au long du récit s'effrite doucement, comme une vieille idole des sables, la croyance en la personnalité : Hermann est d'abord défini d'un simple adjectif, dans une conversation de jeunes gens un peu
ivres, au petit matin; cette ombre grise se colore des rêveries romanesques d'une jeune fille. Les reflets précèdent le modèle qui glisse entre les miroirs.

 

 

RETOUR