C'est la plus grande fête qui ait jamais été célébrée sur les rives du Pacifique.
Tous les
yeux sont fixés sur ce grand vieillard qui chevauche à la tête des troupes.
Johann August Suter monte un grand cheval blanc. Il tient à la main son bâton de général. Derrière lui viennent ses trois fils, puis le premier régiment californien, puis l'artillerie montée et de la cavalerie légère.

Le général Johann August Suter défile dans les rues de San Francisco à la tête des troupes.
Il est sanglé dans une redingote noire qui lui est trop étroite et dont les longs pans flottent sur la croupe de sa monture. Il porte un pantalon à carreaux et des grosses bottes à soufflet. Un feutre à larges bords est enfoncé sur son crâne.
Le général Johann August Suter traverse la ville en proie à une étrange émotion. Ces ovations, ces vivats, ces gerbes de fleurs qui tombent sous ses pas, ces cloches, ces chants, ce canon, ces fanfares, cette multitude, ces fenêtres pleines de femmes, ces maisons, ces édifices, ces premiers
palais, ces rues interminables, tout lui parait irréel. Il n'y a pas six ans qu'il vivait encore ici au milieu des sauvages, entouré de ses Indiens et de ses Canaques des Iles.
II croit rêver.
Il ferme les yeux.
Il ne veut plus rien voir, plus rien entendre.
Il se laisse mener.
Le cortège l'entraîne au
Metropolitan Theatre où un banquet monstre l'attend et une cinquantaine de discours.

 

 

BIBLIO