Il y a misère et misère.
Il y a la misère éclatante qu'on nous trompette avec fracas, qui s'étale à nos unes et s'agrippe à nos remords, qu'on nous sert dans la soupe et qui nous éclabousse. C'est la faim fiévreuse des agonisants sur le sable, et les maladies rongeuses. la lèpre avec moignon sur rue, et le crabe invaincu, le crabe aux pinces noires à nous manger le ventre, et les génocides, un peu trop loin pour qu'ici l'on soupire, mais les génocides bien sûr, et la pauvreté des villes aux usines fermées, et les enfants d'Orient, moins hauts que leurs fusils, qu'on fait trotter au front.

Et puis, il y a la misère de série B qui ne vaut pas le détour. D'ailleurs, on ne la voit même pas. C'est la détresse bien mise de la vieille fille au cul déshérité n'ayant su que s'asseoir. C'est la panique extatique du vieillard rhumatisant qui ne sait plus s'extraire de son taxi tout seul.

 

 

Penchons-nous avec mansuétude
sur la détresse ordinaire

 

BIBLIO