On est arrivés ce matin et on n'a pas été bien reçus, car il n'y avait person-
ne sur la plage que des tas de types
morts ou des tas de morceaux de types,
de tanks et de camions démolis. Il venait des balles d'un peu partout et je n'
aime pas ce
bordel désordre pour le plaisir. On a sauté dans l'eau, mais elle
était plus profonde qu'elle n'en avait l'air et
je su j'ai glissé sur une boîte de
conserves. Le gars qui était juste derrière moi a eu les trois quarts de la fi-
gure emportés par le pruneau qui arrivait, et j'ai gardé la boite de conser-
ves en souvenir. J'ai mis les morceaux de sa figure dans mon casque et je les
lui ai donnés, il est reparti se faire soigner, mais il a l'air d'avoir pris le
mauvais chemin parce qu'il est entré dans l'eau jusqu'à ce qu'il n'ait plus
pi

 

 

On s'est mis derrière un tank. Moi le dernier parce que je ne me fis fie pas
beaucoup aux freins de ces
engins-là. C'est plus commode de marcher der-
rière un tank tout de même parce qu'on n'a plus besoin de s'empêtrer dans
les barbelés et les piquets tombent tout seuls. Mais je n'aimais pas sa façon
d'écrabouiller les cadavres avec une sorte de bruit qu'on a du mal à se rap-
peler - sur le moment, c'est assez caracteristique. Au bout-de trois minutes,
il a sauté sur une mine et s'est mis à brûIer. Deux des types n'ont pas pu
sortir et le troisième a pû, mais il restait un de ses pieds dans le tank et je
ne sais pas s'il s'en est aperçu avant de mourir. Enfin, deux de ses obus

 

 

On a fini par se débarrasser de ce troisiéme char en chargeant un bazooka
avec de la poudre à éternuer et ceux à l'intérieur se sont tellement cognés le
crâne sur le blindage qu'on n'a sorti que des cadavres. Seul le conducteur
re
vivait encore un peu mais il s'était pris la tête dans le volant sans pouvoir
la retirer, alors plutôt que d'abîmer le char qui n'avait rien, on a coupé la

 

 

Je suis toujours debout sur la mine. Nous étions partis ce matin en pa-
trouille et je marchais le dernier comme d'habitude, ils sont tous passés à
côté, mais j'ai senti le déclic sous mon pied et je me suis arrêté net. Elles
n'éclatent que quand on retire son pied. J'ai lancé aux autres ce que j'avais
dans mes poches et je leur ai dit de s'en aller. Je suis tout seul. Je devrais
attendre qu''ils reviennent, mais je leur ai dit de ne pas revenir, et je pour-
rais essayer de me jeter à plat ventre, mais j'aurais horreur de vivre sans
jambes. Je n'ai gardé que mon carnet etle crayon. Je vais les lancer avant
de changer de jambe et il faut absolument que je le fasse parce que j'ai assez
de la guerre et parce qu'il me vient des fourmis............................................

 

 

la guerre
(2
ème partie)

 

BIBLIO