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L'art gothique |
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par Philippe Roy |
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Table des matières |
Le terme «gothique» est pour la première foi aparu pour désigner un art architectural. Pourquoi le terme fut-il ensuite utilisé pour désigner une forme d'art centrée sur le macabre, le mystère et la nuit?
Une tentative de réponse m'est venue auprès d'une cathédrale. La puissance, l'immensité muette semble désespérément vouloir nous dire quelque chose. L'artiste y retrouve une partie de sa détresse. Dans notre époque de religion moribonde, on se demande si ce n'est pas dieu qui tente de soufler, de son lit de mort, une ultime volonté, ou un ultime regrès.
Tout est là, dans cette nécessité de la parole, dans ce son qu'on désire désespérément entendre mais qui ne nous parviendra jamais. Cette cathédrale immense sera là encore, immense et impuissante, muette et desespérée, bien après notre mort.
C'est là l'essence de ce qui nous fascine dans l'art gothique. Ce mystère, ce non dit, ce sentiment extatique que quelque chose nous dépasse.
Le but et la finalité de ce site est de vous permettre de voyager à travers ce gothisme froid et chaleureux, afin que, seuls que nous soyons, nous parvenions à nous rejoindre en un lieu intengible tout en protégeant nos mystères.
Je crois en la supériorité de Baudelaire, de Poe et de Lovecraft. Je crois que ces hommes n'étaient pas du commun, je crois que ces hommes m'ont façonné de leur main ferme et tremblante. Je les ais suivis jusqu'au fond de leurs voyages, jusqu'à avoir peur. Peur pour ma vie, peur pour ma raison. Aujourd'hui encore, ils restent mystérieux. Ils sont l'essence du gothique.
XXXIII Remords posthume Lorsque tu dormiras, ma belle
ténébreuse, Quand la pierre, opprimant ta
poitrine peureuse Le tombeau, confident de mon rêve
infini Te dira : «Que vous sert,
courtisane imparfaite, |
XXXVIII Un fantôme I Les ténèbres Dans les caveaux d'insondable
tristesse Je suis comme un peintre qu'un
Dieu moqueur Par instants brille, et s'allonge,
et s'étale Quand il atteint sa totale grandeur, |
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Si ces exemples vous plaisent, allez voir mon site consacré à l'auteur et aux Fleurs du Mal. |
Baudelaire ne s'est jamais essayé au fantastique, ni surtout au courant «gothique». Son oeuvre pourtant a un caractère sombre et étouffant, sa poésie remplie de cadavres criants. Aucun conte de vampire n'a jamais aussi bien narré la profondeur inquiétante de la nuit, la dévotion fantastique de l'amour, le caractère invariablement souillé de tout sentiment humain.
Poe détestait le terme «gothique» et toute la petite littérature qu'elle désignait. Certains de ses textes les plus célèbres, classiques formidables du fantastique, étaient des parodies qu'il voulait mordantes de ce genre. Pourtant, quoi de plus véritablement gothique que l'errance du supplicié du Puits et du Pendule? Ou ce château impensable du Masque de la Mort Rouge, n'est-il pas le plus marquant des châteaux hantés de la littérature?
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A complete collection of poems by Edgar Allan Poe | |
J'ai déjà exprimé plus haut mon admiration pour Poe. Voici donc quelques sites particulièrement intéressants si, comme moi, vous appréciez sa plume. |
Lovecraft est le dernier écrivain digne de ce nom à avoir désigné ses oeuvres de «gothiques». Qui n'a jamais lu Lovecraft ignore à quel point une oeuvre fantastique peut être pénétrante, étourdissante.
Curieux tout de même, ce mal.
Le café, le stress, la vie, la fatigue même, pausent leurs lourdent pattes sur vous et vous immobilisent, laissant devant vos yeux ébahis se sauver le sommeil. Et vous restez là, impuissant et éveillé, devant une nuit impénétrable. Alors, une fois, une fois de trop, vous vous décidez à la pénétrer.
Alors la ville vous apparaît sous un éclairage nouveau. Blafard, certes, mais charmant. Cette impression se marie à un parfum particulier, mêlé à cette idée étrange qui ne vous quitte jamais. Vous êtes seul, seul à profiter de ce moment de mystère.
Les vieilles rues de Sherbrooke, ombragées d'arbres, laissent voir des portiques profonds qui semblent vous inviter à écouter leur effrayante histoire. Appeuré malgré vous, vous refusez sans détourner la tête, comme on fuit un mendiant qui nous effraie. Puis on marche jusqu'à la suivante. Ainsi se boit la nuit.
Les églises
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La marche semble attirée vers un seul point, comme si un aimant était soudé à vos souliers. Depuis votre premier jour dans la ville, vous l'aviez vue, immense, trônant au-dessus d'une falaise imposante. Puis, un jour, par accident, vos aimants finissent par vous y mener. Vous arrivez à ses pieds, elle vous domine, vous l'aimez. La cathédrale St-Michel est le pôle. Il y a deux ans, étendu sur le perron avec les copains, nous observions le ciel. L'appartement de mon ami était accoudé à la faliase, qui semblait prête à l'écraser. Au dessus, une autre falaise, la cathédrale. Des chauves-souris tournaient autour du clocher, si loin en haut qu'elles parraissaient des papillons de nuit. |
Voici quelques liens avec d'autres sites intéressants sur le même sujet. Cette liste est loin d'être exhaustive, mais elle a été conçue pour vous procurer de belles heures de surfing.
Un site splendide qui présente les oeuvres maîtresses des grands maîtres anglais du gothique. Un document unique! |
Cette page, procurée par un serveur anglophone, dans un milieu anglophone, destinée à subir des ruées de consomateurs en ruts tous anglophones, est écrite en français.
Alors pourquoi?
Je dois pourtant posséder l'anglais au moins suffisement pour être capable de placer ma page dans le serveur, en suivant des instructions exclusivement anglaises. Alors pourquoi? L'anglais n'est-il pas la langue des affaires? N'est-il pas la langue internationale.
Bien des intellectuels abdiquent chez nous devant leur incapacité à comprendre en quoi la langue peut influencer leur être. Ils n'y voient qu'un vague code, comme un language informatique, oubliant du même coup que l,'homme n'est pas une machine, et qu'il se forme et se transforme, et que sa pensée se structure constement selon les instruments qu'elle emploie.
Au Québec, la menace posée par l'imperlialisme américain est clairement sentie. La langue est menacée, et sur toute la planète on constate l'apauvrissement des cultures. Moins on utilisera de langues, moins la pensée sera diversifiée, plus elle sera mondialement pauvre.
Je crois que l'expression de sa culture est un acte de foi en soi même et une sorte de cadeau fait à l'autre. Le Net doit être un lieu de rencontre. S'il l'est pour des messages numériques, pour des individus, qu'il le soit aussi pour les cultures.
Ce site se veut un élément de communication dans un univers impersonnel. Si vous avez des idées à me communiquer, ou des liens HTML à me proposer, je vous en serai reconnaissant.
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