Vanille la fée gourmande de Béatrice Solleau
La baguette magique de Vanille ne marchait plus très bien. Elle faisait n'importe quoi, comme changer les princesses en dragons ou les melons en chaussons.
Vanille décida d'en acheter une autre au magasin des fées. Il y avait là des baguettes en or, en plastique, des baguettes à musique, en poil de chameau, en pâte à modeler… Il y en avait tellement que Vanille n'arrivait pas à se décider.
Découvrant enfin dans un bocal une baguette en sucre, elle s'écria:
"Voilà ce qu'il me faut!" et paya aussitôt avec quelques étoiles.
Sur le chemin du retour, Vanille aperçut un bel oiseau bleu couché dans l'herbe.
"Que fais-tu là?" lui demanda-t-elle. L'oiseau lui montra son aile cassée.
"Je vais m'occuper de toi", lui dit Vanille, contente d'essayer sa nouvelle baguette.
Elle commença par la mordiller, pour réfléchir, puis la trouvant délicieuse, en croqua un morceau. Se souvenant enfin de la formule magique, elle s'écria:
"Patali patalère, envole-toi en l'air!"
Aussitôt guéri, l'oiseau prit son vol.
Un peu plus loin, Vanille vit un hérisson gigotant sur le dos.
"Pourquoi es-tu à l'envers? lui demanda-t-elle, très étonnée.
- Mes piquants sont plantés dans l'herbe, ça m'apprendra à faire des galipettes!"
La fée réfléchit en suçant sa baguette. Miam, ce petit goût sucré! elle en croqua encore un morceau, qu'elle mangea de bon cœur. Puis, penchée sur le hérisson, elle lui récita les mots magiques:
"Patati patata, sur tes pattes remets-toi!"
Et le hérisson se retrouva à l'endroit.
Vanille reprit sa route. Elle n'avait pas fait trois pas qu'elle tomba sur un petit lapin, la patte coincée dans un racine d'arbre.
"N'aie pas peur, je vais te délivrer, dit-elle en le voyant trembler. Pâtes collées et patates brûlées, tu peux t'en aller!"
Et d'un coup de baguette magique, elle lui rendit la liberté.
Après quoi, Vanille se dit qu'un bout de sucre lui ferait du bien… et de sa baguette il ne resta plus rien!
Soudain, un renard surgit de derrière les buissons. Il avait très faim.
"Une petite fée, voilà qui serait parfait pour mon déjeuner! se dit-il.
- Si tu t'approches, je te transforme en petite fourmi de rien du tout", dit Vanille.
Elle prononça la formule:
"Minus minuscule, deviens tout riquiqui!" Mais rien ne se passa, car elle n'avait plus de baguette magique!
Heureusement, une petite voix murmura:
"Renard, c'est moi que tu devrais croquer, je suis meilleur qu'une petite fée!"
C'était le lapin que Vanille avait délivré. Le renard voulut l'attraper mais, au moment où il allait bondir, un oiseau bleu se percha sur son museau pour lui cacher les yeux avec ses longues ailes.
Le renard trébucha et tomba en arrière… sur le hérisson qui lui piqua le derrière.
"Aïe! Ouille! hurla le renard. Cette petite fée est une sorcière. Vite, filons!"
Et il décampa sans demander son reste. De joie, le petit lapin se mit à sautiller, l'oiseau à battre des ailes et le hérisson fit une galipette. Vanille était sauvée.
Pour remercier ses trois amis, Vanille les invita à goûter. Elle dressa une belle table dans son jardin et choisit pour chacun ce qui lui ferait plaisir: du chou et des carottes pour le lapin, pour le bel oiseau bleu des tas de petits pains. Le hérisson eut un grand bol de vermisseaux. Quant ) Vanille, elle eut de la barbe à papa, une mousse au chocolat et la crème à la framboise.
Le lendemain, elle retourna au magasin des fées acheter une nouvelle baguette. Cette fois, elle en prit une en bois, c'était plus sûr. Avec, peut-être, autour… voyons… une couche de confiture!