Constantin ne veut pas être pompier de Marie-Odile Judes

Constantin est un joli panda. Avec son pelage noir et blanc, il fait penser à une glace au chocolat et vanille.

Un jour, Constantin joue sur le pas de la porte avec son petit train quand oncle Anatole arrive dans sa belle voiture rouge. Oncle Anatole est un très gros panda, capitaine des pompiers.

Oncle Anatole sort de sa voiture, soulève Constantin dans ses grosses pattes et s'écrie :
"mais tu as drôlement grandi, toi ! Ah ! Ah ! je suis sûr que tu vas faire un pompier formidable !"
Puis il repose le petit panda à terre et entre dans la maison.

Une fois seul, Constantin se remet à jouer, mais le cœur n'y est plus.
"Pourquoi tonton a-t-il dit que je ferai un pompier formidable ? Je ne veux pas être pompier, moi !" grogne-t-il.

Oncle Anatole ressort de la maison une heure plus tard, une petite valise à la main.
"Mais c'est ma valise ! s'écrie Constantin.
- Oui, mon petit ! Je t'emmène pour quelques jours car il est temps que tu apprennes le beau métier de pompier. Dis au revoir à tes parents !"

Pas content du tout, Constantin embrasse ses parents et monte dans la voiture de son oncle.

Le petit panda a le cœur si gros qu'il n'ouvre pas la bouche de tout le voyage.

Arrivé à la maison, Constantin s'approche de sa tante et lui dit d'une toute petite voix :
"Bonjour, tante Guiguite !
- Bonjour, Constantin !" répond tante Guiguite, accroupie devant la cheminée.

Tante Guiguite s'apprête à faire du feu : elle entortille un vieux journal autour d'une bûche et craque une allumette. Des flammes rouges et jaunes jaillissent aussitôt. Voyant cela, Constantin prend peur, s'empare d'une cruche à eau et la vide sur le feu... qui s'éteint.
"Quel drôle de pompier ! Dit tante Guiguite. Je n'ai plus qu'à recommencer !"

Très vexe, Constantin ne mange rien et monte se coucher de bonne heure.

et dans son lit Constantin fait un drôle de rêve : le voilà… pompier et il doit éteindre un énorme incendie avec un tuyau d'arrosage plus gros que lui. Il arrose, arrose, arrose...
Son oncle Anatole lui crie :
"Allons, Constantin, un peu de courage ! Approche de la maison ! Un pompier n'a peur de rien ! Arrose, arrose, arrose... "

Brusquement, le petit panda se réveille : il est trempé‚ ses draps sont tout mouillés.

Constantin appelle sa tante :
"Tante Guiguite ! Tante Guiguite ! Je crois... enfin, c'est sûr j'ai fait pipi au lit !"

Là-dessus Constantin se met à pleurer :

"Allons, allons, ce n'est pas grave du tout !" dit tante Guiguite.

Elle ouvre une armoire, en sort des draps et un petit pyjama. Quand le lit est refait et Constantin tout propre, son oncle lui dit :
"Ne t'inquiète pas, quand tu seras pompier, tu ne feras plus pipi au lit !"

Constantin secoue la tête et s'écrie, les larmes aux yeux :

"Mais je ne veux pas être pompier !"
Oncle Anatole n'en croit pas ses oreilles.
"Bon nous en reparlerons plus tard. En attendant, recouche-toi vite !"

Le lendemain matin, lorsque Constantin entre dans la cuisine, oncle Anatole mange une énorme tartine à la confiture de bambou.
"Bonjour, dit-il à Constantin, je vais te chanter la chanson des pompiers :

Un pompier c'est très fort, fort, fort !
Un pompier ça va vite, vite, vite !
Un pompier c'est malin, lin, lin...
Plus malin que cent lapins !"

Mais Constantin n'aime pas cette chanson. Il soupire et dit :
"S'il te plaît, oncle Anatole, ramène-moi à la maison. Je veux voir mes parents !"

Deux heures plus tard, Constantin rentre chez lui. Le petit panda saute an cou de ses parents et leur dit :
"Vous savez, je ne serai jamais pompier !
- Que voudras-tu faire plus tard ? lui demande sa maman en caressant sa tête ronde et douce.
- Moi ? Je veux faire pousser des bambous. Car les bambous, c'est drôlement bon et les pandas ne mangent que ça !"
"C'est bien d'être pompier mais dans la vie, il faut faire ce que l'on aime ! Hum...

Le plus beau des métiers, c'est de faire pousser des bambous pour nous, les pandas. Il a raison, mon fiston !"