Article paru dans le quotidien "Libération" Par DOMINIQUE SIMONNOT Le lundi 1er février 1999 Dans un appel rendu public aujourd'hui par Libération, seize personnalités (1) demandent à la ministre de la Justice une normalisation des conditions de détention de Joëlle Aubron et Nathalie Ménigon.Toutes deux ont appartenu à Action directe, qui «au nom de la lutte anti-impérialiste», a revendique des hold-up, des attentats et des assassinats. Celui du général René Audran, abattu en janvier 1985, et de Georges Besse, le patron de Renault, tué en novembre 1986. En février 1987, Rouillan, Cipriani,Aubron et Ménigon sont arrêtés. C'est la fin d'Action directe. Tous quatre ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, assortis d'une période de sûreté de 18 ans. Aujourd'hui, incarcérées à Fleury-Mérogis, Aubron et Ménigon vivent sans bénéficier des quelques avantages offerts aux condamnés à de longues peines pour supporter les années qui passent, tandis que Rouillan, bibliothécaire à la centrale de Lannemezan, a, entre autres, le droit de téléphoner. Il y a un an et demi, Ménigon a été victime d'un grave accident cérébro-vasculaire et a sombré dans la dépression.
«Il ne s'agit pas de prendre parti sur les faits, mais après tant d'années, une telle rigueur nous a semblé vraiment insupportable, raconte Henri Malberg, élu PCF de Paris. C'est pourquoi nous avons décidé de rédiger cet appel. Pour nous, il s'agit d'un acte d'humanité élémentaire.»
Voici le texte de cet appel: «Depuis douze ans, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani sont incarcérés pour "association de malfaiteurs" et "assassinats". Ils étaient membres du groupe "Action Directe". Condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté de 18 ans, ils ne sortiront pas avant de longues années. Et, comme tous les condamnés à d'aussi longues peines, ils doivent bénéficier d'un régime qui humanise la vie carcérale.
Or, les conditions exceptionnelles de détention des deux femmes, leur isolement, les visites qui leur sont accordées avec parcimonie, la censure exercée sur leur courrier, rendent insupportable leur vie en prison.
Pourtant, rien, ni dans leur comportement, ni dans le danger social qu'elles représentent désormais ne peut le justifier. D'autant que Nathalie Ménigon et Georges Cipriani sont gravement malades.
La force d'une démocratie réside en sa capacité de traiter avec humanité ceux qu'elle considère commme ayant attenté à ses valeurs.
Solennellement, nous demandons qu'un traitement conforme à la dignité de la personne soit appliquée à Nathalie Ménigon et à Joëlle Aubron.». (1) Daniel Bensaïd (philosophe), Nicole Borvo (sénatrice,PCF), Corcuff (sociologue), Dan Franck (écrivain), Jean-François Fontana (SUD-Education), Henri Leclerc (président de la Ligue des droits de l'homme), Henri Malberg (conseiller de Paris, PCF), Laurent Schwartz (mathématicien), Catherine Vieu-Charier (maire-adjoint de Paris XXe, PCF), Pierre Vidal-Naquet (historien), Anne Crenier, Pierre Gouzenne, Raphaël Grandfils, Frédéric Paris, Gilles Sainati et Ulrich Schalchi ( Syndicat de la magistrature)
POUR REJOINDRE L'APPEL, ECRIRE A:
HENRI MALBERG,
JOURNAL REGARDS,
15 RUE MONTMARTRE
75001 PARIS
Retour à la page principale
Page de liens
Vous êtes le ème visiteur
Dernière modification: 02/12/99