À tous
les Collègues du premier et du second degré
Chers Collègues,
La rentrée est faite et chacun a pu se rendre compte sans
surprise que
l'heure de la prétendue consultation des uns et des autres par
le Ministre de
l'Éducation Nationale est passée et qu'il s'agit maintenant de
l'application
des réformes de M. Allègre .
Au niveau du collège, dans un cahier intitulé « journal de
l'élève » , en
grande partie déjà rédigé par les auteurs du CNDP eux-mêmes,
on peut lire : « Quand tu discutes avec tes copains, tu fais du
français ! » On y apprend à
quoi servent désormais les professeurs : aider, guider, ... mais
nulle part
il n'est écrit qu'ils doivent instruire . Dans les lycées, on
insiste sur la
nécessité dans le « cours » d'éducation civique de traiter
de la parité, des
trente-cinq heures, des élections européennes et de la
citoyenneté à
l'échelle européenne, du droit d'ingérence, du cinquantième
anniversaire de
la Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme et de son actualité ... (B.O. n°
5, 5 août 99 ) ; s'agit-il là d'éducation civique ou de
propagande
gouvernementale ? Par ailleurs, on focalise l'attention des
collègues sur les
« adolescents à risques » par des conférences, des
vidéocassettes . L'Est
républicain du jeudi 2 septembre résume, à sa manière,
l'esprit des réformes: « L'école veut
chouchouter les élèves » ; mais il
convient de dire : « L'école maintient les
élèves dans un état d'infantilisme et d'ignorance tout en
devenant un lieu de repérage des adolescents à problèmes . »
Les professeurs de collège et de lycée sont, dans l'ensemble,
en désaccord
avec ces nouvelles directives . Ils savent que lutter contre
l'ignorance,
c'est-à-dire instruire et former le jugement, est la meilleure
façon
d'émanciper les esprits, et que tout ce qui a pour but de plaire
contribue à
prolonger l'état de dépendance des élèves . Mais, la
protestation de la
majorité de ces professeurs a été noyée dans une
pseudo-consultation; et,
certains d'entre eux, parlant en leur nom, en ont détourné le
sens . Hannah
Arendt soulignait déjà que les partis et les syndicats
n'assurent aucune
possibilité de participation des citoyens aux affaires publiques
: le citoyen
et l'adhérent n'ont pas de relations actives à leur société,
mais des
relations de déléguant ou d'exécutant . Ce qui s'est passé
l'année dernière
illustre parfaitement sa thèse : il suffit de rappeler le rôle
joué par certains syndicats dans la mise en place de toutes les
réformes gouvernementales .
La création et l'existence d'associations comme la nôtre est
nécessaire .
L'absence d'intérêts particuliers et d'idéologies politiques,
religieuses,
économiques ou autres, y offrent les conditions d'un véritable
débat
démocratique sur l'École dans la République, laïque par
définition . Nous
devons poser les problèmes occultés par l'idéologie dominante
qui veut faire
de l'école un lieu de vie où l'élève choisit le produit
culturel qu'il a
envie de consommer . Il s'agit de développer un espace commun
public où
chacun peut avoir accès pour débattre de la reconstruction
d'une école
républicaine .
. Nous nous y
réunirons, durant l'année scolaire, le
, pour poursuivre
notre réflexion et notre
action . C'est dans le cadre de cette action que avons sollicité
dernièrement
M. Alain Finkielkraut,
qui a donné son accord de principe pour une
conférence en octobre ou novembre . D'autres contacts ont été
pris, qui nous
laissent penser que nous pourrons organiser d'autres conférences
et débats
publics . Mais il ne faut pas oublier que pour prendre sens, ces
interventions doivent s'inscrire dans le cadre d'une réflexion
et d'une action collectives menées par les membres d'École et République,
la réflexion individuelle pouvant se nourrir de tous les livres
sans avoir besoin de la prise de parole publique des auteurs .
Pour finir, nous reprenons à notre compte les paroles citées
par Charles
Coutel dans son livre Que vive l'École républicaine :
"... les associations sont chargées de
poser toutes les questions ignorées ou
oubliées par les individus et occultées par l'Etat . Il est
donc essentiel de
s'associer pour débattre, échanger et confronter les
interprétations ...
... aux enseignants de veiller à ne pas se replier sur eux ...
Que les
langues se délient enfin! ... Sortons enfin de la crise ! "
Chers collègues, si vous souhaitez être de ceux qui veulent
construire leur
réflexion avec d'autres et faire entendre leur voix, vous pouvez
nous
rejoindre dans l'association « École
et République » . Votre expérience,
votre réflexion, vos idées, vos questions, vos indignations,
vos
protestations sont importantes pour l'élaboration d'une
réflexion collective
de qualité sur l'école républicaine .
Cordialement,
Réunions le premier mardi de chaque mois à 20
heures à la M.J.C. des
Trois-Maisons
12 rue de Fontenoy, NANCY .
École et République
B.P. 3373
54015 NANCY CEDEX
http://www.geocities.com/Athens/Troy/9411/
Pour plus de renseignements, contactez mechanloup@geocities.com