Non à la grève
du 16 mars !
La grève, oui, mais pas une grève
des aveugles !
Les directions syndicales de la gauche
plurielle, toujours unies dans les
moments décisifs, revendiquent
« le travailler moins pour travailler
mieux », des moyens et des postes
pour parfaire la mise en oeuvre des
« réformes » en cours
qui visent la destruction de l'Ecole républicaine et
sa privatisation.
En effet, qu'écrivent-ils ?
-
« Intégrer toutes les activités pédagogiques
dans le service » ;
discrétion sur l'amputation des horaires de cours dus à tous
les élèves, liée à l'application en cours
des chartes Allègre et Royal ; l'aide individualisée
entraîne déjà une perte d'une demi-heure de cours en
classe entière en français, en maths, ... la suppression
d¹heures de langues...et de diverses options.
-
« Améliorer l¹ecole sans écraser le personnel
» en donnant aux professeurs les moyens de « travailler autrement
» dans le cadre des projets ; or , la pratique des projets en collège
conduit déjà à une remise en question
généralisée des exigences disciplinaires ; dans la
même logique, les TPE (travaux personnels encadrés) au lycée,
les travaux croisés au collège se substituent à la
dissertation, au commentaire composé, au sujet de réflexion
... idem dans d¹autres matières ! Coupes sombres dans
les programmes, casse des langues anciennes (disparition du latin et du
grec dans le contrôle continu au brevet) etc..Ces nouvelles plages
horaires prélevées sur le volume d¹heures de cours (
Aide Individuelle au Travail, sas, travaux croisés, Travaux Personnels
Encadrés, Education Civique Juridique et Sociale ) consacrées
à des activités interdisciplinaires , permettent en
fait de substituer la notion de compétences (chères
au patronat ) à celle de savoir , d'introduire la polyvalence
des professeurs et l¹annualisation de nos services . Commentaire du
BO sur les TPE : « les TPE représentent une innovation pédagogique
forte de la réforme du lycée et un enjeu stratégique
important, symbolique de toute une évolution des pratiques pédagogiques
» ( v. aussi le B.O. sur le regroupement des disciplines scientifiques
en collège)
En défendant la notion de projet d'étabissement
, ces syndicats ont précédé
les mesures contenues dans le rapport du Recteur Bancel qui
entend renforcer
la tutelle des C.A. sur les contenus pédagogiques , en
finir avec la liberté
pédagogique des professeurs et les programmes nationaux.
Les mêmes , qui agitent la réduction du temps de
travail, restent bien
discrets sur les effets désastreux tant pour les élèves
que pour les
professeurs des chartes Allègre et Royal , conséquences
logiques de la Loi
d'Orientation de 1989 ; ils s'apprêtent à négocier
la transformation de nos
obligations de services jusqu'ici définies en heures
de cours hebdomadaires
et dans la discipline de recrutement ( Décret de 1950).
En revendiquant
l'intégration des diverses activités pédagogiques
dans ce temps de service,
ils montrent qu'ils ont déjà accepté
le principe de la flexibilité et de
l' annualisation de notre temps de travail, sous couvert de
modernisation
pédagogique , au nom de la diversité des pratiques
enseignantes et même de
la démocratie ( les personnels, disent-ils, réclament
le travail en équipe,
les travaux croisés...sans doute nous fourniront-ils
les sondages qui le
prouvent ? )
Pourtant, le projet de révision des statuts des professeurs
en L.P. est
édifiant : les horaires sont annualisés ; les
enseignants devront « une
durée moyenne » de 18h par semaine sur l'année
avec des semaines pouvant
aller de 13 à 23 heures ; les heures de recherche, d'organisation
et de
suivi de stage compteront pour la moitié des heures d'enseignement.
Les
heures supplémentaires disparaissent . Les heures réalisées
en plus seront
versées à un « compte épargne-temps
» qui servira à la formation des
enseignants... en entreprise. Les L.P. mettent à la disposition
des
entreprises leurs machines, leurs ateliers et leur personnel.
Il s'agit là
d¹organiser la privatisation de l'enseignement professionnel
!
Ces mêmes dirigeants syndicaux exigent des
excuses publiques de la part
de M. Allègre...ils invitent les personnels à
lui prouver qu¹ils travaillent !
Mais enfin, un Ministre de l'Education aux ordres de l'entreprise,
qui
insulte et diffame les professeurs , qui ne cesse de mentir
publiquement de
façon éhontée , qui manipule l'opinion
publique et la jeunesse contre ceux
qui ont la lourde charge de l'instruire et d'en faire des citoyens
, qui
érige la démagogie en politique éducative
, ce Ministre n'est pas le
propriétaire de son Ministère !
Est-il encore digne d'exercer la fonction
qu'il occupe ?
Professeurs, debout ! Nous voulons
un véritable Ministère de l'Instruction
Publique ! Une véritable
réforme pour l'Ecole .
En République, le droit à l'instruction pour tous,
le droit pour un
fonctionnaire d'être respecté de tous, de voir
sa fonction garantie par des
statuts qui le protègent de l¹arbitraire des
projets de l'autorité
politique et de l¹emprise des groupes sociaux et économiques,
ça ne se
négocie pas ! Il s'agit là de la remise en cause
du principe constitutionnel
de laïcité .
C'est la République qui est en
danger !
Laisserons-nous ce gouvernement et ses courroies de transmission
nous
rejouer éternellement le même scénario
?
Souvenons-nous :
- Mars 89, 100000 personnes dans la rue pour réclamer
le retrait de la
réforme Jospin ; en avril, les syndicats de la gauche
plurielle en signent
le volet financier baptisé « revalo » ; grande
victoire syndicale ! Un coup
de pouce est donné aux premiers échelons,
mais qu¹en reste-t-il après le
ralentissement en fin de parcours ? Bénéfice nul
sur l¹ensemble d'une
carrière.
En juillet, la Loi d'Orientation , dite Loi Jospin est votée
au Parlement .
Ses principes ne seront jamais contestés par les dites
directions
syndicales.
Que préconise la Loi d'Orientation
de 1989 ?
80% d'une classe d'âge au Baccalauréat (art.4);
participation des élèves à
l'organisation de la vie scolaire (art.9) ; parents d'élèves
membres de la
communauté éducative (art.10); enseignants
responsables de l'ensemble des
activités scolaires des élèves ; travail
au sein d'équipes pédagogiques ...
exerçant dans le même champ disciplinaire. (art.13)
; création des IUFM qui
prennent en compte les résultats de la recherche en éducation
(sciences de
l'Education) ; projet d'établissement qui associe tous
les partenaires de
l'établissement , organisation par les établissements
scolaires et
universitaires de contacts et d'échanges avec leur environnement
économique. ( art.17) Création du Conseil Supérieur
de l'Education , organisme consultatif (art.21) ; des décrets en
Conseil d'Etat fixent l'application de cette loi ( art.28 ).
Souvenons-nous encore !
- le 4 Mars 99 : Au Conseil Supérieur de l'Education,
le Ministre annonce qu'il entend maintenir sa charte des lycées.
Les délégations FSU, CFDT, FCPE, FEN approuvent
objectivement le Ministre en votant contre le voeu suivant présenté
par FO, la CFTC, la CSEN et la CGC:
« considérant que les propositions ministérielles
vont à l'encontre des besoins exprimés par les personnels
et les lycéens et que, loin d'améliorer la situation, elles
ne pourraient que gravement la détériorer, nous demandons
le retrait de la charte du lycée du XXIème siècle
et des projets d¹arrêtés qui s'y rattachent »
Depuis un an , les mesures tombent, provoquant la stupeur des
enseignants !
Nous appelons les syndiqués et les non-syndiqués
à boycotter cette grève de diversion, à se désolidariser
de ces directions syndicales qui, en dernier ressort, finissent par les
trahir, à lancer eux-mêmes leurs cahiers de revendications,
et à résister par tous les moyens à ces mesures de
destuction de l'Ecole Publique.
Refusons les TPE, AIT, SAS,
ECJS et autres activités pédagogiques qui se substituent
à la transmission des savoirs et égarent les élèves
; elles ont un seul but : nous faire accepter une «
école light », à l'américaine , et une
casse de notre métier!
Rédigeons nos cahiers de revendications et mobilisons-nous !
Cessons le travail et exigeons:
-
le retrait des réformes Allègre-Royal, préalable
à toute négociation !
-
le refus de toute négociation sur la base des rapports Bancel,
Monteil et Blanchet !
-
le maintien de nos statuts de 1950 définis en heures de cours
hebdomaddaires;
-
la présentation à la nation d'un bilan de l'application
de la Loi d'Orientation de 89 ! L'ouverture d'un débat national
pour la reconstuction d'une véritable école républicaine:
alertons les parlementaires !
-
le respect de la laïcité républicaine : disons non
à la massification et à la modernisation aveugle de l'Ecole
sur le modèle de l'entreprise;
-
non au projet européen de privatisation de l'enseignement !
Pour plus d'informations sur ce texte ou sur École
et République, contactez mechantloup@geocities.com