Communiqué de presse


Les professeurs du Collège de Dieulouard ( 54 ), réunis en assemblée générale le 3 septembre, sont scandalisés par le contenu du livret qui sera distribué aux élèves de sixième lors de cette rentrée 99, et qui est intitulé "mon journal de sixième ».
Loin d' être un journal, il constitue en réalité un guide détaillé de ce que
doit être le nouveau collège de l'an 2000 .
En effet, il véhicule une conception caricaturale et dangereuse de
l'enseignement : tant sur le fond que sur la forme, il tend en premier lieu à
infantiliser les élèves en exagérant les difficultés pratiques qu'ils
rencontreraient à leur arrivée en sixième et donc à dramatiser la rentrée
dans l'esprit de certains ; l'emploi massif du questionnaire à choix
multiples, le tutoiement de l'élève, le vocabulaire rudimentaire utilisé, le
niveau de langue le plus souvent vulgaire ( ex. p.36 : je fais le bilan du
deuxième trimestre : 1 = super ! 2 = bof... 3 = pas du tout ! ) donnent à ce
« journal » un caractère démagogique en opposition avec les exigences
énoncées par ailleurs, à savoir le renforcement de l'écriture, de la lecture
et de l'expression orale .
De plus, il est attentatoire à la dignité des élèves comme des professeurs,
si l'on en juge par la vision monstrueuse des professeurs en conseil de
classe qui est censée hanter les rêves des enfants ( v. vignette p. 32).
Il donne une vision fausse de l'école en privilégiant le plus souvent la
dimension ludique des apprentissages et la relation affective entre le
maître et l'élève d'une part ( p. 5, les professeurs que j'aimerai bien ) ;
entre l'élève et le savoir d'autre part (ce que j'aime / ce que je n'aime
pas dans la présentation des disciplines, p. 28, p.29 ) . Ce faisant, il
fait peu de place à l'effort, au travail nécessaire et au plaisir de vaincre
les inévitables difficultés.
Il dénature certaines disciplines : ainsi peut-on lire dans une bulle p 22 :
« quand tu lis un magazine pour ton plaisir, quand tu discutes avec tes
copains, tu fais du français ! » ; il donne aussi une définition erronée du
mot document en histoire-géographie.
Enfin, il transforme le professeur en guide, conseiller, chargé de donner
confiance aux élèves au détriment de sa fonction première : transmettre des
savoirs.
Par conséquent, ayant pris connaissance par un article Du Monde du 1er
septembre, du gâchis et de l'incurie qui règnent à l'INRP ( Institut National
de la Recherche Pédagogique ), les professeurs dénoncent le nouveau
gaspillage de fonds publics que constitue l'édition de ce livret et
refusent de le faire remplir par les élèves.


Pour plus de renseignements sur École et République ou sur ce texte, contactez mechantloup@geocities.com